Pallier les lacunes de la statistique publique : l’exemple des données associatives sur le viol

le Lundi 16 Juin 2008 à l’Ined, salle Sauvy

Discutant : Hugues Lagrange (OSC / CNRS)

L’étude de l’évolution du viol en France est limitée par un manque de données longitudinales. Les statistiques de Police permettent de constater une augmentation très importante du nombre annuel de plaintes pour viol qui est passé de moins de 2 000 en 1980 à près de 10 000 dans les années 2000. Les données agrégées fournies par le Ministère de l’Intérieur ne permettent toutefois pas vraiment de décrire finement cette évolution, ni les éventuelles disparités selon le type de viol dont il s’agit (intrafamilial, conjugal, etc.). Les enquêtes (ACSF 1992, Enveff 2000, Baromètre Santé 2000 et 2005, CSF 2006) mettent aussi en évidence une augmentation des déclarations de rapports forcés, mais les différences d’échantillonnage, de thématiques et de formulation limitent les conclusions auxquelles on pourrait aboutir.
Afin de préciser les modalités de cette augmentation sensible des déclarations, d’autres sources doivent être identifiées et analysées. Depuis 1986, le Collectif Féministe Contre le Viol tient une permanence téléphonique, SOS Viols Informations, qui recueille chaque année plus de mille appels de victimes de viols. La base de données constituée à partir de ces appels constitue une source complémentaire originale malgré les difficultés inhérentes à des données qui ne sont pas obtenues à partir d’un questionnaire.
Près de 20 000 viols sont décrits dans cette base, ce qui permet de mettre en évidence des différences importantes dans les comportements de recours (plaintes et appels) des victimes selon le contexte du viol, l’auteur, l’éventuelle répétition des violences et l’âge auquel elles se sont produites. Ces données permettent en particulier d’évaluer la durée entre le ou les viols et un éventuel signalement officiel (plaintes et appels).