Conséquences démographiques à court et long terme de la Grande famine en Ukraine de 1933

le Lundi 14 Décembre 2009 à l’Ined, salle Sauvy

Greniers à blé de l’URSS des années 1920, l’Ukraine et le sud de la Russie ont été très durement frappés par les réquisitions de grain et autres produits agricoles décidés par le pouvoir soviétique en 1932-33. En Ukraine les confiscations ont été tellement systématiques qu’elles ont provoqué une terrible famine. Très tôt dénoncés à l’Ouest ces faits ont évidemment été masqués en URSS. Ce n’est qu’après l’ouverture des archives par Gorbatchev que l’étude démographique des conséquences a pu commencer. Cependant, la plupart des premières estimations publiées ont reposé soit sur des approximations grossières, soit sur les modélisations ne tenant pas compte de données existantes relativement abondantes (conduisant souvent, dans les deux cas, à l’exagération). L’utilisation systématique de toutes les données disponibles permet un chiffrage plus précis. On peut ainsi ré-estimer les conséquences démographiques immédiates de la famine. L’espérance de vie du moment, notamment, est tombée à 7 ans pour les hommes et à 10 pour les femmes. Par ailleurs, les reconstructions de population et de tables de mortalité sur lesquelles sont fondées ces nouvelles estimations, jointes à celles récemment faites pour retracer l’histoire de la mortalité ukrainienne jusqu’à nos jours, permettent d’aller plus loin en mesurant aussi les conséquences démographiques à long terme de la famine et de les comparer à celles de la Seconde Guerre mondiale, des changements de territoire ou de la faillite sanitaire du monde soviétique au tournant des années 1960.