Ethnicité et race. Séminaire MIM. Séance 6

le Jeudi 21 Février 2008 à l’Ined, salle Sauvy

Discutante : Marie-Claude Blanc-Chaléard (Université de Paris I)

Enseigner l’histoire de l’immigration et de la colonisation (21 février, 14h-17h)

Benoît Falaize (INRP) « Le statut de l’enseignement de l’histoire de l’immigration en classe »

Lorsque l’on évoque la place de l’histoire de l’immigration à l’école, on évoque plus volontiers ce que l’on pense utile à l’école de transmettre, les raisons d’étudier ces pages d’histoire pour la mémoire nationale, plutôt que la réalité effective des situations d’apprentissages scolaires et de ses contraintes. Ces contraintes sont multiples. Elles sont de plusieurs ordres. D’abord pratiques, en ce qu’elles touchent aux apprentissages dans l’ordinaire de la classe. Mais aussi intellectuelles, entre méconnaissance ou faible maîtrise du champ historiographique des enseignants et représentations de l’immigration et des débats de société afférents. Elles sont enfin déontologiques, au sens d’une posture dans laquelle se trouve le professeur face à des élèves qu’il reconnaît comme étant d’"origine immigrée". Dès lors, ce sont des catégories de désignation et de compréhension du monde qui se trouvent mobilisées, aux dépens, parfois, des acquis scientifiques les plus conformes à la réalisation d’un enseignement de l’histoire des immigrations et de la construction de la nation française et européenne.


Pascal Blanchard (GDR 2322 CNRS) « Enseigner la colonisation en France : Nouveaux enjeux, nouveaux débats et nouvelles perspectives »

La situation de la France vis-à-vis de son passé colonial est singulière, et pourtant en mouvement depuis 4/5 ans. En effet, alors que toutes les autres métropoles coloniales européennes (le Japon étant à ce niveau très proche de la France) ont envisagé et mis en œuvre des programmes (recherche, enseignement, lieux de mémoires...) liés à leur passé colonial, dans une optique qui cherche à dépasser le double simplisme de l’anticolonialisme et de l’hagiographie, et que d’autres ont tout simplement « banalisée » la question coloniale en l’intégrant dans les registres de l’histoire nationale, notre pays est le seul à s’être délibérément rangé du côté d’une « nostalgie coloniale » et de l’oubli institutionnalisé, ce qui ne facilite pas l’enseignement du « fait colonial ». C’est ce contexte qu’il faut intégrer lorsque l’on se pose la question de quoi et comment faut-il enseigner l’histoire coloniale.