Entre « tout pilule » et « sans hormones ». L’évolution des modalités du choix contraceptif des jeunes femmes en France
Présenté par : Cécile Thomé (Ined) ; Discutante : Leslie Fonquerne (CERTOP, Université Toulouse Jean Jaurès)
Résumé
En 2012-2013 a eu lieu en France ce que l’on a qualifié de « crise des pilules » : suite à la plainte déposée par une jeune utilisatrice de pilule de troisième génération ayant fait un AVC, le sur-risque de thrombose associé à l’utilisation des pilules de troisième et quatrième générations a été reconnu et elles ont finalement été déremboursées. Cet épisode a provoqué une forme de méfiance plus générale envers les pilules contraceptives et a accéléré la diminution de leur utilisation, perceptible depuis le début des années 2000 (bien qu’elles demeurent le mode de contraception le plus utilisé). Les utilisatrices se sont reportées en partie sur d’autres méthodes hormonales (comme l’implant), mais également sur le DIU (dispositif intra-utérin, ou stérilet) au cuivre ou encore les préservatifs.
Près de dix ans après le début de cette « crise », la recherche que je mène dans le cadre du mon post-doctorat au sein de l’UR 14 de l’Ined vise à documenter les changements survenus dans les déterminants des décisions contraceptives des jeunes femmes : efficacité contraceptive, mais également effets secondaires, représentation des « hormones », opinion du ou des partenaires, poids du rapport avec le/la professionnelle de santé (médecin généraliste, gynécologue ou sage-femme) impliquée dans la prescription contraceptive, etc.
Pour cela, je propose une comparaison des enquêtes menées sur la contraception depuis 2000 (Cocon 2000-2004, Fecond 2010, Fecond 2013, le Baromètre santé 2016), qui permet de renseigner l’évolution des catégories proposées pour rendre compte du choix contraceptif, ainsi que l’analyse d’entretiens menés avec des jeunes femmes (20 à 30 ans) concernant leurs trajectoires contraceptives et ce qui oriente leurs choix en la matière.
Biographie de Cécile Thomé
Cécile Thomé est post-doctorante à l’Ined (UR 14 - Santé et droits sexuels et reproductifs), où elle mène une recherche sur les déterminants du choix contraceptif des jeunes femmes en France. Ses travaux se situe à l’intersection de la sociologie du genre, de la santé, de la sexualité et des émotions. Elle a soutenu en 2019 une thèse portant sur les recompositions de la sexualité hétérosexuelle et des rapports de genre en France, depuis les années 1960, dans un contexte de généralisation de l’utilisation de la contraception médicale. Elle est rattachée à l’Iris (Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux - UMR 8156) et membre du laboratoire junior Contraception & genre.