La démographie de l’Afrique subsaharienne au XXIe siècle. Bilan des changements de 2000 à 2020, perspectives et défis d’ici 2050
Intervenant : Bruno Schoumaker (UC Louvain)
Discutant: Jean-François Kobiané (Université de Ouagadougou)
Présidente: Wanda Romanowski
Résumé
Consacrée à l’Afrique au Sud du Sahara (47 pays, 1,1 milliard d’habitants en 2020), cette chronique propose à la fois une synthèse approfondie des grands changements sociodémographiques et sanitaires survenus dans la région entre 2000 et 2020 et un bilan statistique rassemblant les données récentes les plus fiables sur chaque pays. Y sont examinées les évolutions de la nuptialité et de la famille, de la fécondité et de ses variables intermédiaires, de la mortalité (enfants et adultes), des migrations et de l’urbanisation, des effectifs de population et des structures d’âges, et sont enfin considérées les perspectives de population et les défis à relever d’ici 2050 en matière de formation, santé et emploi.
Si l’Afrique conservera tout au long du xxie siècle la croissance démographique la plus élevée et la population la plus jeune du monde, divers changements sont en cours, mais à des rythmes variables selon les régions, les pays, les milieux d’habitat et les groupes sociaux, conduisant à une diversification croissante des régimes démographiques subsahariens et à de fortes inégalités spatiales et sociales. La fécondité vient, dans une majorité de pays, de connaître ses premiers reculs, la pratique contraceptive a augmenté, mais la demande d’enfants demeure élevée. Un peu partout, l’âge à la 1re union progresse, la polygamie recule, mais les écarts d’âges entre époux et les proportions de mariages d’adolescentes demeurent élevés. En revanche, la région dans son ensemble vient de connaître des reculs remarquables de la mortalité, notamment celle des enfants, et des gains notables d’espérances de vie ; le sida recule mais est loin d’avoir disparu, la mortalité maternelle reste très élevée, les maladies non transmissibles progressent et conduisent à un double fardeau épidémiologique. L’Afrique s’urbanise, mais à des rythmes divers, et plus lentement qu’on ne l’imaginait il y a encore 20 ans ; s’y multiplie aussi le nombre de grandes villes et de mégalopoles. Quant aux migrations internationales, en forte progression depuis 2000, si une grande majorité d’entre elles se déroulent toujours à l’intérieur du continent, on assiste à une diversification des destinations et à un recul des modèles traditionnels hors du continent. Enfin, selon l’hypothèse la plus raisonnable des Nations unies, soit un doublement probable de la population d’ici 2050 et plus qu’un triplement possible d’ici 2100, l’Afrique subsaharienne est face à des défis considérables en matière d’éducation, de santé, d’emploi, de sécurité et de développement durable.
Biographie
Bruno Schoumaker est professeur de démographie à l’UCLouvain (Belgique). Ses travaux portent principalement sur la fécondité et les migrations internationales, dans les pays en développement, et plus particulièrement en Afrique subsaharienne. Il a participé à plusieurs projets sur l’Afrique sub-saharienne, dont le projet MAFE (Migrations entre Afrique et Europe), et le projet STALL sur les ralentissements et arrêts de transition de fécondité en Afrique.