Population 1997, n°5
1997
- Vivre en couple chacun chez soi - Catherine Villeneuve-Gokalp
- Concurrence ou solidarité entre « jeunes » et « vieux » : les attitudes des lycéens en France - Brigitte Baccaïni, Léon Gani
- La reproduction des populations : une méthode de décomposition et d’estimation - Gustavo De Santis, Massimo Livi Bacci
- La fécondité au Japon et en France - Hiroshi Kojima, Jean-Louis Rallu
- L’impossible descendance étrangère - Hervé Le Bras
La conjoncture démographique :
- L’Europe et les pays développés d’outre-mer - Catherine de Guibert-Lantoine et Alain Monnier
Notes et documents
- Démographie et élections en Irlande du Nord - Youssef Courbage
- La baisse de la fécondité au Liban - Hala Naufal Rizkallah, Ahmad Abdel Moneim
- Niveau de vie et structure de la famille en période de transformation sociale : la Russie des années 1990 - Lidia Prokofieva, Lolita Terskikh
Bibliographie
I. Analyse critique
- Les paradoxes du capital - Jorland (G.)
II. Comptes rendus
- L’analyse des enquêtes biographiques à l’aide du logiciel STATA® - Bocquer (Philippe)
- Cycles démographiques et cycles économiques de longue périodes dans les pays occidentaux XVe-XXe siècles - Devolder (Daniel)
- Les prénoms - Duchesne (Louis)
- Les migrations en provenance du Maghreb et la oression migratoire : situation actuelle et prévisions - Giubilaro (Donatella)
- A concise History oof World Population - Livi-Bacci (Maccimo)
- L’après divorce. Lien familial et vulnérabilité - Martin (Claude)
- L’avenir n’est pas héréditaire - Ponchelet (Hector)
- SIda, sociétés et populations - Salomon (Michel), Toubon (Robert), Batlle (Sandra)
- Bonifacio.Une ville génoise aux Temps Modernes - Serpentini (Antoine-Laurent)
- Le grand remue-ménage. La crise de la famille - Sullerot (Évelyne)
- La démographie : population, économie et sociétés - Tapinos (Georges)
- Le XXe siècle, Atlas historique - Vallaud (Pierre)
- Prénoms et Révolution - Revue d’Histoire moderne et contemporaine
Catherine Villeneuve-Gokalp
Livre en couple chacun chez soi Au milieu des années 1960, près de neuf fois sur dix la vie en couple ne précédait pas le mariage ; trente ans plus tard, la situation s’est totalement inversée, et pour certains couples une cohabitation permanente et un domicile commun ne sont plus nécessaires. En effet, les enquêtes de l’Ined, Situations Familiales (1986) et Situations familiales et emploi (1994) ont mis en évidence une dissociation entre la vie en couple et la cohabitation. Un même individu peut affirmer au cours d’un même entretien qu’il « vit en couple » et qu’il « n’habite pas avec son conjoint en permanence..., que chacun a toujours conservé sa résidence personnelle ».
Vivre en couple sans perdre son indépendance résidentielle est une situation relativement fréquente en début d’union, mais peu durable, et plus souvent imposée par des contraintes extérieures que choisie par les conjoints. En huit ans, cette forme d’union n’a pas progressé.
Dans cet article, on s’est demandé si la conjugalité non cohabitante était une forme de vie conjugale comparable à la cohabitation sans mariage au moment où celle-ci commençait à se diffuser, ou si elle était seulement une forme « sérieuse » des relations amoureuses. On a tenté de dégager les caractéristiques, les choix et les contraintes des personnes qui optent pour ce mode de vie.
INED, Population n° 5, 1997 - page 1059
Concurrence ou solidarité entre « jeunes » et « vieux » . Les attitudes des lycéens en France
Brigitte Baccaïni, Léon Gani
À partir des résultats d’une enquête menée en 1996 auprès d’élèves de classes terminales (filières générales et technologiques) cet article analyse les opinions des lycéens concernant les relations intergénérationnelles et la place des personnes âgées dans la vie économique et sociale. Les résultats confirment l’existence, chez une majorité d’élèves, d’une crainte de la concurrence exercée par les personnes âgées sur le marché du travail, cette anxiété étant plus forte dans les milieux populaires, dans les filières technologiques et dans les régions où le poids démographique des personnes âgées est le plus important.
Les opinions des lycéens quant au rôle des familles dans la prise en charge des personnes âgées paraissent plus nuancées. Ils sont en effet très attachés au soutien affectif des personnes âgées tout en considérant majoritairement que c’est au gouvernement qu’il revient d’assurer leur prise en charge.
Il semble par ailleurs que ces attitudes envers les personnes âgées soient liées au niveau de connaissances des élèves sur les questions de population, les lycéens les moins « armés » de ce point de vue faisant plus souvent preuve d’un moindre esprit de solidarité à l’égard des personnes âgées.
INED, Population n° 5, 1997 - page 1083
La reproduction des populations. Une méthode de décomposition et d’estimation
Gustavo De Santis, Massimo Livi Bacci
Dans cet article, on montre comment, sous certaines hypothèses peu restrictives, on peut décomposer une mesure classique de la reproduction R0 en une série de composantes multiplicatives, chacune reflétant une dimension spécifique (intensité ou fréquence) de la nuptialité, de la mortalité, de la fécondité, et si l’on veut, de la migration.
Cette idée peut être exploitée de deux façons :
- soit on peut obtenir des données ou des estimations relativement complètes des processus démographiques, à partir, par exemple, d’un recensement ou d’un état des âmes où il est possible d’appliquer la méthode des enfants présents au ménage et de calculer la proportion des célibataires aux différents âges ;
- soit, au contraire, on ne peut pas calculer ces éléments, comme, par exemple, quand on obtient les données par reconstitution nominative des familles. Dans ce cas, il est préférable de suivre une méthode légèrement différente. Elle consiste à estimer le nombre moyen de filles naissant d’une génération de femmes soumises à la mortalité, à la migration et au mariage. En multipliant cette valeur par la durée de mariage fécond, on obtient une estimation de l’effectif total de la génération des filles et donc de la valeur de R0. Quelques simples algorithmes sont proposés pour le calcul de l’âge moyen à l’accouchement et pour l’estimation, à cet âge, de la proportion de femmes mariées. Une application aux cas de l’Angleterre, de la France et de l’Allemagne révèle l’existence et la nature des différents régimes démographiques des XVIIe et XVIIIe siècles.
INED, Population n° 5, 1997 - page 1119
La fécondité au Japon et en France
Hiroshi Kojima, Jean-Louis Rallu
La fécondité était peu différente au Japon et en France entre 1975 et 1985, mais la baisse a été ensuite plus importante au Japon avec des niveaux inférieurs à 1,5 naissance par femme depuis 1993.
L’étude de la fécondité à partir de données d’état civil et d’enquêtes, et d’indices basés sur les probabilités de naissance par rang, montre que la baisse de la fécondité au Japon a résulté de la baisse de la nuptialité jusqu’au milieu des années 1980 mais consiste aussi depuis lors en une baisse de la fécondité dans le mariage.
À la différence de la France, on n’observe pas au Japon d’augmentation de la fécondité hors mariage et la récupération des naissances retardées est restée peu importante jusqu’au début des années 1990. Le développement de la fécondité hors mariage et à des âges avancés se heurte à diverses contraintes culturelles et économiques. C’est, au contraire, grâce à ces nouveaux comportements que la France conserve une fécondité assez élevée sur la base d’une infécondité des générations encore assez faible.
INED, Population n° 5, 1997 - page 1143
Prix : 20 € TTC