Population 2004 n° 1
2004
- L’évolution de la rentabilité salariale de la formation initiale et de l’expérience en France depuis trente-cinq ans. Marion Selz, Claude Thélot.
- Une estimation des populations d’origine étrangère en France en 1999. Michèle Tribalat.
- Démographie d’une académie. L’Académie des sciences (Institut de France) de 1666 à 2030. Henri Leridon.
Notes de recherche
- Distinguer contraception d’arrêt et contraception d’espacement. Revue des méthodes en démographie historique. J. Van Bavel.
- Populations sans abri et vulnérables à Madrid. M. Muñoz, C. Vásquez, J. J. Vásquez.
- Déterminants de la non-inscription électorale et quartiers sensibles en France. J.-L. Pan Ké Shon.
Marion Selz, Claude Thélot
L’application d’un modèle unique aux données d’un grand nombre d’enquêtes étalées sur trente-cinq ans fournit des mesures très empiriques, mais comparables, du rendement salarial de la formation initiale et de l’expérience, au sens le plus global du terme, et de son évolution en France. Même si ce modèle ne constitue pas le « vrai » modèle de ce rendement, il donne une « grille de lecture » d’indices synthétiques assez clairs. La relative fragilité de la démarche vis-à-vis de choix conceptuels (quels concepts de formation et d’expérience ?) ou empiriques (quelle précision des données, quelles estimations ?) conduit à rester dubitatif quant à l’apport éventuel d’une sophistication excessive des modèles ou des techniques économétriques. Les résultats mettent en évidence la puissance explicative du modèle et indiquent que la formation est plus rentable que l’expérience. La rentabilité salariale de la formation a baissé progressivement de 1962 à 1985 et elle est restée stable ensuite. Cette évolution globale recouvre en fait une hausse de la rentabilité des formations très courtes, une baisse nette autour de 13 ans de formation (ce qui correspond au bac) et une quasi-stabilité pour les formations les plus longues.
Une estimation des populations d’origine étrangère en France en 1999
Michèle Tribalat
Il a fallu attendre la fin du XXe siècle pour avoir une idée assez précise de la composition de la population d’origine étrangère de la France, pays pourtant caractérisé par une longue tradition d’immigration. Certes, trois tentatives d’estimation globale de la population d’origine étrangère avaient déjà été réalisées au cours du siècle passé (1927, 1942 et 1986) mais aucune n’avait pu ventiler cet ensemble par origine précise. C’est désormais chose faite grâce à des questions nouvelles introduites dans l’enquête EHF de 1999 (pays de naissance des parents et usages linguistiques), même si la méthode d’estimation est extrêmement complexe et comporte quelques incertitudes liées, notamment, à la difficulté de séparer les descendants d’immigrés des descendants de rapatriés nés dans les pays anciennement colonisés. La profondeur historique qu’offre l’enquête EHF permet de prendre du recul par rapport aux questions d’actualité et met en lumière la forte contribution démographique des courants migratoires les plus anciens (voire reitératifs) et donc oubliés. Sur près de 14 millions de personnes d’origine étrangère (immigrées ou ayant au moins un parent ou un grand-parent immigré), 5,2 millions sont d’origine sud-européenne, quand 3 millions seulement sont d’origine maghrébine.
Démographie d’une académie. L’Académie des sciences (Institut de France) de 1666 à 2030
Henri Leridon
Une académie constitue généralement une société fermée : on y entre par élection, on en reste membre jusqu’à son décès, et l’effectif total demeure le plus souvent immuable sur une certaine période. La démographie d’un tel corps fermé est simple : le nombre annuel des entrées est conditionné strictement par celui des « sorties », c’est-à-dire des décès, qui est une donnée exogène. Il en résulte que le rythme des entrées et la durée de présence dans le corps sont complètement liés, et qu’ils dépendent aussi de l’âge à l’élection. Dans un contexte d’augmentation de la durée de vie (grâce à la baisse de la mortalité au-delà de 60 ans), l’âge moyen de la population ne peut qu’augmenter, sauf à recruter des membres de plus en plus jeunes et à réduire, ipso facto, le taux de renouvellement. Une solution plus efficace consiste à fixer un âge à partir duquel le poste est déclaré vacant.
Dans le présent article, nous rappelons d’abord les principaux mécanismes en jeu dans une population stationnaire. Nous proposons ensuite un bref historique de l’Académie des sciences, de 1666 à 2001, ainsi qu’une reconstitution de l’évolution de sa population (1 039 membres au cours de cette période). Après quelques comparaisons avec d’autres académies, nous présentons finalement des résultats de projections effectuées à horizon de 30 ans, sur la base de diverses hypothèses d’évolution des règles de recrutement et de sortie, en particulier celles résultant des changements statutaires décidés en 2002.
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