Population 2008, n°1
2008
DÉMOGRAPHIE DES RÉGIONS DU MONDE : ÉTAT ET TENDANCES
- La démographie de l’Asie du Sud des années 1950 aux années 2000. Synthèse des changements et bilan statistique - J. Véron
ARTICLES
- L’économique, le social et le spatial. Les trois dimensions de la surmasculinité juvénile en Inde - C. Z. Guilmoto
- Du baccalauréat à l’enseignement supérieur en France : déplacement et recomposition des inégalités - M. Duru-Bellat, A. Kieffer
NOTES DE RECHERCHE : Tendances démographiques récentes en Italie
- La chute de la fécondité touche-t-elle à sa fin dans les régions italiennes ? Les enseignements d’une approche longitudinale - M. Caltabiano
- Analyse des séparations légales par promotions de mariages en Italie - M. Castiglioni, G. Dalla Zuanna
BIBLIOGRAPHIE CRITIQUE
- Population, précarité, pauvreté
Jacques Véron
Avec quelque 1,6 milliard d’habitants en 2007, l’Asie du Sud (Afghanistan, Bangladesh, Bhoutan, Inde, Maldives, Népal, Pakistan et Sri Lanka) rassemble sur moins de 4 % de la superficie totale de la terre près du quart de la population mondiale et l’Inde, plus grand pays de cette région, compte à elle seule 1,17 milliard d’habitants. Cette chronique présente l’évolution, depuis les années 1950, des principaux indicateurs démographiques, qui s’explique en partie par le niveau de développement des différents pays. Les transitions démographiques apparaissent diversifiées : il n’existe pas un modèle de transition qui serait propre à la région, pas plus qu’il n’existe un modèle indien de transition comme le montrent, pour ce pays, les comparaisons entre États. À l’exclusion du Sri Lanka où elle est achevée, la transition de la fécondité est toujours en cours alors que celle de la mortalité est généralement bien avancée. Le potentiel de croissance démographique de l’Asie du Sud reste très élevé puisque, selon les Nations unies, la population de cette région devrait s’accroître de 600 millions d’habitants d’ici 2040. Les évolutions démographiques futures constituent un enjeu majeur de développement, puisque la plupart des pays doivent réduire la pauvreté, améliorer les niveaux d’instruction, gérer une forte croissance urbaine et mieux protéger l’environnement.
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L’économique, le social et le spatial. Les trois dimensions de la surmasculinité juvénile en Inde
Christophe Z. Guilmoto
L’article propose d’examiner les déterminants de la hausse contemporaine du rapport de masculinité parmi les enfants en Inde à la lumière des données régionales du recensement de 2001. Les disparités marquées entre districts indiens, mises en évidence par la mesure de l’autocorrélation spatiale, sont en effet une clé pour comprendre cette évolution récente. Elles permettent notamment d’évaluer l’influence relative d’un grand nombre de caractéristiques sociales et économiques sur les variations interrégionales du sex-ratio. On met en évidence l’effet propre de la prospérité économique qui apparaît nettement corrélé à la hausse du rapport de masculinité. Une modélisation élargie de ces différences régionales, incorporant la dimension spatiale, permet en outre de démontrer le rôle spécifique joué par la composition sociologique de la population, le développement économique et les phénomènes de diffusion. La conclusion vise à offrir une interprétation de ces différents déterminants de la masculinisation démographique en Inde.
Du baccalauréat à l’enseignement supérieur en France : déplacement et recomposition des inégalités
Marie Duru-Bellat, Annick Kieffer
La dernière enquête FQP réalisée par l’Insee en 2003 permet d’évaluer les transformations intervenues au niveau de l’enseignement supérieur dans deux groupes de cohortes encadrant la période d’expansion très forte de l’accès au baccalauréat entre 1985 et 1995. Comment cette ouverture a-t-elle affecté les inégalités sociales d’accès et de réussite dans l’enseignement supérieur ? L’indéniable démocratisation du baccalauréat se traduit par une démocratisation plus limitée de l’accès au supérieur. En effet, la première vague de démocratisation s’est traduite par une concentration accrue des nouveaux bacheliers de milieu populaire dans les baccalauréats professionnels ; compte tenu de la force des articulations entre enseignement secondaire et supérieur en France, ce phénomène a induit une limitation des possibilités d’orientation dans l’enseignement supérieur. En particulier, l’accès aux filières d’élite n’a connu aucune démocratisation parmi les bacheliers, alors que les filières professionnelles courtes et les filières universitaires s’ouvraient. Ceci limite la portée de la démocratisation de l’enseignement à ce niveau en termes de mobilité sociale, puisque de plus en plus, les débouchés ne dépendent pas du niveau de diplôme, mais du type de filière suivie.
La chute de la fécondité touche-t-elle à sa fin dans les régions italiennes ? Les enseignements d’une approche longitudinale
Marcantonio Caltabiano
Tout au long du XXe siècle, l’Italie a été marquée par de grandes différences régionales de fécondité. Adoptant une approche longitudinale pour approfondir l’analyse de ces variations, l’auteur a calculé, dans chaque région, la descendance finale des générations nées entre 1935 et 1968. Les données récemment publiées par l’Institut national italien de statistique (Istat), qui portent sur les années 1999-2005, permettent d’étendre l’analyse à la première partie de la vie féconde des générations nées dans les années 1970 et au début des années 1980. Les résultats montrent que : (1) pour les générations antérieures à 1970, la chute de la fécondité et les disparités régionales sont bien confirmées ; (2) pour les générations plus récentes, le rythme de la baisse de la fécondité se maintient en Italie du Sud, tandis qu’il ralentit en Italie du Nord, allant même jusqu’à la stagnation dans certaines régions. Si cette tendance perdure, les descendances finales des générations de toutes les régions italiennes pourraient, à terme, converger vers un même niveau.
Analyse des séparations légales par promotions de mariages en Italie
Maria Castiglioni, Gianpiero Dalla Zuanna
Cette note de recherche présente l’évolution des séparations légales en Italie par promotions de mariages et par durée de mariage. Pour avoir un aperçu des perspectives des séparations légales en Italie, les auteurs effectuent : (i) une projection des probabilités de séparation légale par durée du mariage ; (ii) une analyse comparée des 20 régions italiennes, qui permet d’avancer des explications possibles aux différences spatiales ; (iii) une comparaison de l’Italie avec l’Espagne (où le divorce a été légalisé en 1981) et avec d’autres pays occidentaux où les ruptures d’unions se sont répandues antérieurement (États-Unis, Royaume-Uni et France). Plusieurs indices suggèrent qu’en Italie, les séparations légales vont s’accélérer durant les prochaines années dans toutes les promotions de mariages.
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