Population 2010, n°3
2010
LA CONJONCTURE DÉMOGRAPHIQUE EN FRANCE
- L’évolution démographique récente en France : les adultes vivent moins souvent en couple - F. Prioux, M. Mazuy, M. Barbieri
- Fécondité et niveau d’études des femmes en France à partir des enquêtes annuelles de recensement - E. Davie, M. Mazuy
ARTICLE
- La baisse récente de la fécondité en Chine à partir d’une nouvelle reconstitution statistique - Z. Zhao, X. Zhang
NOTES DE RECHERCHE
- Remplacement démographique et migrations à l’intérieur de l’Espagne au XXe siècle - A. del Rey Poveda, M. Cebràn-Villar
- Comment corriger la sous-estimation de la mortalité infantile en Moldavie ? - O. Penina, F. Meslé, J. Vallin
BIBLIOGRAPHIE CRITIQUE
- Santé et inégalités : théories, méthodes et analyses
France Prioux, Magali Mazuy, Magali Barbieri
Au 1er janvier 2010, la France métropolitaine compte 62,8 millions d’habitants. L’accroissement (5,2 ‰) est un peu plus faible qu’en 2008 car le solde naturel diminue un peu. Après trois années de baisse, le nombre d’étrangers admis à séjourner a légèrement augmenté en 2008. Les immigrés nés en Algérie et au Maroc sont désormais plus nombreux que ceux originaires du Portugal. L’indicateur conjoncturel de fécondité s’est légèrement replié en 2009, mais demeure très proche de 2 enfants par femme ; l’âge moyen à la maternité atteint 30 ans. L’indicateur conjoncturel des interruptions volontaires de grossesse (IVG) reste élevé en 2007 (0,53 IVG par femme). L’âge à la première IVG tend à diminuer, et la fréquence des IVG répétées à augmenter. L’augmentation du nombre de pacs se poursuit en 2009 et, malgré la baisse du nombre de mariages, le nombre d’unions officialisées tend à augmenter. La probabilité de mariage des célibataires continue à se réduire. Les divorces diminuent encore légèrement en 2009, mais l’indicateur conjoncturel demeure proche de 45 %. En raison de l’augmentation des ruptures d’union, hommes et femmes adultes vivent un peu moins souvent en couple en 2006 qu’en 1999 ; ils vivent plus souvent seuls dans leur logement ou en famille monoparentale. La progression de l’espérance de vie à la naissance a repris en 2009, après une pause pour les femmes en 2008 : elle est estimée à 77,8 ans pour les hommes et 84,5 ans pour les femmes.
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Fécondité et niveau d’études des femmes en France à partir des enquêtes annuelles de recensement
Emma Davie, Magali Mazuy
Cet article propose une analyse de la fécondité des femmes selon leur niveau de diplôme durant la période 2000-2008, à partir des données des enquêtes annuelles de recensement (EAR) réalisées de 2004 à 2009, en utilisant la méthode des enfants au foyer. Environ 2,5 % des enfants ne peuvent être rattachés à leur mère, et on observe un déficit d’enfants en très bas âge dans les EAR. Les taux de fécondité par âge issus de ces enquêtes sont de ce fait légèrement inférieurs à ceux de l’état civil, notamment avant 30 ans. La fécondité varie sensiblement avec le niveau d’instruction. Le recul de l’âge à l’accouchement s’observe pour toutes les femmes, et particulièrement pour les non-diplômées. Cependant, le processus d’entrée en parentalité est différent d’un milieu social à l’autre : l’âge moyen au premier enfant est de 25 ans pour les non-diplômées alors qu’il est de 30 ans pour les diplômées du supérieur. Ces dernières concentrent davantage leur vie reproductive autour de 31 ans, alors que les non-diplômées ont une fécondité étalée sur un plus grand nombre d’années. La fécondité varie également selon le lieu de naissance, surtout pour les femmes sans diplôme. Les non-natives sans diplôme ont une fécondité plus forte que les natives non diplômées, alors que les niveaux de fécondité des femmes ayant suivi des études supérieures sont assez proches, qu’elles soient nées sur le territoire ou non. Enfin, la fécondité des non-natives participe peu au niveau de fécondité global : moins de 0,1 enfant par femme.
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La baisse récente de la fécondité en Chine à partir d’une nouvelle reconstitution statistique
Zhongwei Zhao, Xiaomu Zhang
Les chercheurs étudiant la fécondité chinoise se trouvent dans une situation étrange depuis le début des années 1990. Alors que les nombreux recensements, enquêtes de fécondité et enquêtes démographiques annuelles fournissent suffisamment de données pour permettre des travaux approfondis sur la baisse récente de la fécondité, le sous-enregistrement et les incohérences dont souffrent de plus en plus les principales données font obstacle à de telles recherches. Ces difficultés sont aussi dues au fait que, si l’administration statistique publie quelques indices de fécondité corrigés, elle ne donne pas de détails sur les techniques utilisées depuis la fin des années 1990 pour effectuer ces ajustements. Cet article a pour objectif de combler certains manques de connaissances sur l’évolution récente de la fécondité chinoise, en analysant les incohérences des statistiques de fécondité provenant de sources différentes, puis en reconstituant deux séries cohérentes d’indicateurs à partir des nombres de naissances officiels publiés et de ceux corrigés par les auteurs. Ces calculs permettent d’examiner le déclin récent de la fécondité chinoise et de montrer que, même si les problèmes de qualité des données sont nombreuses, le sous-enregistrement de certaines données de fécondité n’est peut-être pas aussi important que le suggèrent les taux bruts de natalité et indicateurs de fécondité corrigés officiels. La forte baisse de la fécondité chinoise a commencé au début des années 1990. L’ISF, au lieu de stagner à 1,8 enfant par femme (chiffre officiel), est tombé au-dessous de 1,7 à la fin de la décennie, et continue de diminuer depuis.
Remplacement démographique et migrations à l’intérieur de l’Espagne au XXe siècle
Aberto del Rey Poveda, Mar Cebrán-Villar
Cette note analyse la reproduction de la population au cours du XXe siècle dans deux régions espagnoles différentes, la Castille-Léon et Madrid. Les deux régions présentent durant cette période des transitions démographiques similaires, aussi bien pour la mortalité que la fécondité. Cependant, la population de Madrid a été multipliée par huit (passant de 0,7 à 6 millions d’habitants) tandis que celle de Castille-Léon augmentait de moins de 10 % (de 2,3 à 2,5 millions), en grande partie à cause de l’impact du phénomène migratoire. Le taux de remplacement des naissances permet d’analyser ce processus. Il présente deux avantages par rapport aux autres indicateurs : d’une part, c’est un indicateur rétrospectif qui n’utilise pas de scénarios hypothétiques de l’impact des migrations sur la dynamique démographique ; d’autre part, il permet d’isoler les effets respectifs de chaque composante, et en particulier l’impact des migrations dans le processus de remplacement des générations. Dans un contexte de fécondité très basse et de probabilités de survie très élevées, la migration est le principal déterminant du processus de remplacement.
Comment corriger la sous-estimation de la mortalité infantile en Moldavie ?
Olga Penina, France Meslé, Jacques Vallin
Dans certains pays de l’ex-URSS, les évolutions apparentes de la mortalité sont perturbées par des phases d’amélioration ou de dégradation de la qualité des statistiques. En Moldavie, la qualité de la mesure de la mortalité infantile s’est brusquement améliorée au début des années 1970, mais continue de poser quelques problèmes jusqu’à ce jour. Le changement des années 1970 est particulièrement important car l’attention alors portée par les autorités à la mortalité périnatale a mis à jour un sous-enregistrement plus général des décès infantiles. Par ailleurs, ce n’est qu’en 2008 que la Moldavie a adopté la définition OMS de la naissance vivante, sans pour autant que la part de décès néonataux échappant à l’enregistrement ait été totalement résorbée. Cette note de recherche propose de retracer l’évolution de la mortalité infantile moldave depuis 1945, corrigée de ces biais d’observation, et d’apprécier l’effet de ces corrections sur l’espérance de vie.
Prix TTC : 20,00 €