Population 2017, n°4
2017, 190 pages
L’évolution démographique récente de la France : de forts contrastes départementaux
Didier Breton, Magali Barbieri, Hippolyte d’Albis, Magali Mazuy
Emploi et deuxième naissance en Europe
Angela Greulich, Mathilde Guergoat-Larivière, Olivier Thévenon
Quel est l’effet des enfants sur la stabilité des mariages et des cohabitations? Comparaison européenne
Zuzana Žilinčíková
Religion et sexualité en France des années 1970 aux années 2000. Évolution des pratiques et attachement à la famille hétérosexuelle
Marion Maudet
L’acceptabilité de la déclaration d’informations identifiantes dans une enquête transversale en population générale
Stéphane Legleye, Jean-Baptiste Richard, Grégoire Rey, François Beck
L’évolution démographique récente de la France : de forts contrastes départementaux
Didier Breton, Magali Barbieri, Hippolyte d’Albis, Magali Mazuy
Au premier janvier 2017, la France comptait près de 67 millions d’habitants, soit un accroissement annuel de 4,0 ‰. L’indice conjoncturel de fécondité poursuit sa baisse en 2016, notamment chez les femmes de 25 à 29 ans, groupe d’âges dans lequel la fécondité est la plus forte. Le nombre de titres de séjour délivrés augmente légèrement et est à son plus haut niveau depuis 1998. Les ressortissants bénéficiant de ces titres représentent 0,32 % de la population française au 1er janvier 2015 (contre 0,30 % en 2014). Le nombre de mariages continue de baisser pour les couples hétérosexuels et les couples de même sexe, alors que les pacs augmentent. Les couples mixtes, composé d’un conjoint de nationalité française et l’autre de nationalité étrangère (18 % du total des unions) se distinguent par un plus grand écart d’âge entre conjoints. En 2016, la mortalité recule de nouveau après une année 2015 marquée par une épidémie de grippe. L’écart d’espérance de vie entre les femmes et les hommes diminue encore et atteint 6,1 ans en 2016. D’un département à l’autre, les comportements démographiques présentent de fortes disparités, probable reflet d’inégalités sociales et économiques des territoires, ainsi que géographiques (départements frontaliers) et culturelles (mortalité et nuptialité).
Emploi et deuxième naissance en Europe
Angela Greulich, Mathilde Guergoat-Larivière, Olivier Thévenon
Cet article étudie les effets de l’emploi des femmes sur les deuxièmes naissances dans l’Europe contemporaine. En utilisant des données longitudinales issues des Statistiques communautaires sur le revenu et les conditions de vie (EU-SILC) de 2003 à 2011, et des données agrégées provenant de la base de données de l’OCDE sur la famille, nous identifions des éléments démontrant que l’exercice d’un emploi augmente significativement la probabilité d’une deuxième naissance chez les femmes. L’ampleur de l’effet diffère toutefois selon les individus. L’effet positif est plus marqué chez les femmes les plus instruites et celles dont le conjoint occupe lui-même un emploi. Le fait que les deux conjoints travaillent favorise donc davantage l’agrandissement de la famille d’un à deux enfants que d’autres configurations. Les modèles multiniveaux révèlent en outre que l’effet positif de l’emploi sur la transition vers une deuxième naissance est plus net dans les pays où l’offre de services de garde d’enfants est importante. L’essor de ces services à l’échelle d’un pays, qui constitue la mesure de politique
familiale la plus efficace pour garantir la participation des femmes à la vie active, augmente la probabilité individuelle qu’une femme ait un deuxième enfant, ce qui est moins vrai pour d’autres types d’aides institutionnelles (systèmes de congés parentaux, allocations forfaitaires, etc.).
Quel est l’effet des enfants sur la stabilité des mariages et des cohabitations? Comparaison européenne
Zuzana Žilinčíková
Face à l’absence de statistiques officielles et d’estimations systématiques en Europe, cet article a pour objectif de décrire les ruptures d’unions cohabitantes dans les pays européens et de comparer la stabilité des cohabitations, en particulier avec un enfant, à celle des mariages. L’article étudie les unions récentes, cohabitations ou mariages, (formées après 1990) à partir d’informations rétrospectives sur les parcours de vie conjugale et de fécondité de l’enquête Générations et genre dans 14 pays européens. Des modèles de durée en temps discret sont utilisés pour l’analyse. Les résultats confirment que, dans tous les pays, les cohabitations sont toujours moins stables que les mariages, qu’il y ait ou non présence d’enfant. Contrairement aux prédictions théoriques, la différence de stabilité entre les unions sans enfant et les unions avec enfant s’est révélée plus nette dans les cohabitations que dans les mariages. Les cohabitations avec un enfant sont plus stables que les cohabitations sans enfant dans dix des quatorze pays, parmi lesquels, pour quatre d’entre eux, la différence est encore plus marquée que pour le mariage. Elle est aussi plus prononcée dans les pays d’Europe occidentale que dans la plupart des pays d’Europe centrale et orientale.
Religion et sexualité en France des années 1970 aux années 2000. Évolution des pratiques et attachement à la famille hétérosexuelle
Marion Maudet
La diversification des trajectoires affectives et sexuelles, la perte d’influence des institutions à grands principes, ainsi que l’individualisation des pratiques sexuelles et religieuses, soulèvent la question de l’influence de la religion sur la sexualité contemporaine en France aujourd’hui. S’appuyant sur les trois enquêtes françaises sur la sexualité (1970, 1992 et 2006), cet article étudie la spécificité des pratiques sexuelles et des représentations de la sexualité des personnes catholiques et musulmanes en France. Le questionnement porte particulièrement sur l’intersection des rapports de genre et de religion. On montre qu’au cours de la période, les femmes et les hommes catholiques se rapprochent des personnes sans religion sur une série de pratiques relatives à la sexualité
(contraception, masturbation, pornographie). En revanche, l’âge au premier rapport sexuel reste plus tardif pour les femmes catholiques et musulmanes que pour celles ne déclarant pas de religion en 2006. Cette imbrication entre genre et religion à l’égard de certaines pratiques sexuelles s’observe aussi à propos des représentations de la sexualité, notamment à l’égard de l’homosexualité et l’homoparentalité. Comparativement aux personnes sans religion, les catholiques et musulman·e·s, plus particulièrement les hommes, sont très attachés à la famille hétérosexuelle.
L’acceptabilité de la déclaration d’informations identifiantes dans une enquête transversale en population générale
Stéphane Legleye, Jean-Baptiste Richard, Grégoire Rey, François Beck
Les enquêtes téléphoniques en population générale sont indispensables à la description des comportements de santé de la population. Nous avons testé la faisabilité de la demande de deux types de données identifiantes permettant des appariements à des données administratives et médico-administratives dans le Baromètre santé 2014 de Santé publique France : le NIR, numéro d’inscription au répertoire (dit de Sécurité sociale), et les coordonnées de naissance (CDN) comme les nom, prénom, date et lieu de naissance. Chacune était adressée à un sous-échantillon aléatoire de plus de 3 000 répondants. L’étude ne portait pas sur la fourniture réelle de ces identifiants mais sur l’intention de le faire. Davantage de personnes accepteraient de communiquer leurs CDN plutôt que leur NIR (51,9 % vs 34,9 %). Les hommes accepteraient plus fréquemment ces propositions et il existe un gradient social au profit des plus diplômés et des cadres (NIR) ou des revenus élevés (NIR et CDN). Les personnes interrogées via un téléphone mobile acceptent moins souvent ces propositions, alors que c’est l’inverse pour
celles déclarant des maladies chroniques ou des limitations fonctionnelles, sédentaires, buvant quotidiennement de l’alcool ou s’estimant en mauvaise santé. Les modalités pratiques restent à tester lors d’une prochaine enquête.
Prix TTC : 20,00 €