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 Les conséquences démographiques des sièges de Paris, 1870-1871
Denis Cogneau, Lionel Kesztenbaum


Différences de mortalité par Covid-19 : conséquence des imperfections et de la diversité des systèmes de collecte des données 
Jenny Garcia, Catalina Torres, Magali Barbieri, Carlo Giovanni Camarda, Emmanuelle Cambois, Arianna Caporali, France Meslé, Svitlana Poniakina,
Jean-Marie Robine 


Parent isolé recherche appartement : discriminations dans l’accès au logement et configurations familiales à Paris
Laetitia Challe, Julie Le Gallo, Yannick L’Horty, Loïc du Parquet, Pascale Petit

Les inégalités d’éducation entre les natifs des Drom et de métropole : le rôle déterminant du capital humain transmis par les parents
Emmanuel Valat

Partager les tâches domestiques ? La division du travail dans les couples selon le type d’union en France, 1985-2009
Lamia Kandil, Hélène Périvier 

 Les conséquences démographiques des sièges de Paris, 1870-1871
Denis Cogneau, Lionel Kesztenbaum
Paris a subi deux sièges entre septembre 1870 et mai 1871, d’abord par l’armée prussienne, puis par le gouvernement versaillais contre la Commune. Le premier a entraîné une terrible famine, le second un bain de sang. Nous étudions les répercussions de cette crise sur la mortalité infantile, la taille des adultes et leur mortalité à partir d’archives inédites de l’état civil et de la conscription militaire collectées dans l’un des arrondissements les plus pauvres de la ville. Pendant la crise, les décès font plus que doubler à tous les âges et la mortalité des enfants de moins de 5 ans nés en 1869 et 1870 augmente de 30 %. Une fois arrivés à l’âge adulte, les enfants en gestation pendant la crise sont notablement plus petits et leur mortalité est supérieure de 40 % à celle des cohortes nées plus tard ; en revanche, les enfants âgés de 2 à 5 ans pendant la crise ont rattrapé leur retard de taille, en lien avec l’amélioration des conditions de vie après 1871. L’impact d’un choc nutritionnel sur la taille et la durée de vie semble donc dépendre non seulement de la durée de ce choc mais aussi des conditions de vie antérieures et ultérieures, qui elles-mêmes interagissent avec d’éventuels effets de sélection et les âges critiques pour la croissance physiologique.

Différences de mortalité par Covid-19 : conséquence des imperfections et de la diversité des systèmes de collecte des données
Jenny Garcia, Catalina Torres, Magali Barbieri, Carlo Giovanni Camarda, Emmanuelle Cambois, Arianna Caporali, France Meslé, Svitlana Poniakina,
Jean-Marie Robine
L’urgence que représente la compréhension de la pandémie de Covid‑19 a entraîné des différences considérables entre les procédures de collecte des données des pays concernés, qui s’efforcent tous de produire des informations en temps réel mais qui restent des statistiques de mortalité imparfaites. Pour remédier à ce problème, l’analyse porte sur les décomptes de décès par Covid‑19 provenant de la base de données « La démographie des décès par Covid‑19 » (https://dc-covid.site.ined.fr/fr/) ainsi que leurs limites. Cet article souligne des aspects importants touchant aux données qui limitent la possibilité de mener des comparaisons internationales. Pour pallier ces difficultés, les sources sont classées en fonction du caractère exhaustif de leurs données, puis les décomptes de décès sont analysés et comparés pour 16 pays. Bien comprendre les caractéristiques de la collecte des données est fondamental pour le traitement des statistiques imparfaites.

Parent isolé recherche appartement : discriminations dans l’accès au logement et configurations familiales à Paris
Laetitia Challe, Julie Le Gallo, Yannick L’Horty, Loïc du Parquet, Pascale Petit
Malgré le développement des travaux sur les discriminations, aucune étude n’a encore exploré le rôle de la situation de famille dans l’accès au logement en France. D’éventuelles discriminations peuvent avoir des conséquences très pénalisantes sur les parcours de vie. Cet article présente les résultats d’un test de correspondance par paire, ou testing, sur le parc locatif privé parisien particulièrement tendu et où les parents isolés sont très présents. Entre décembre 2017 et fin mars 2018, 4 messages sollicitant la visite d’un appartement ont été envoyés en réponse à 791 annonces immobilières, soit 3 164 envois de messages. L’un des individus fictifs signale être en couple avec deux enfants, les trois autres (un homme et deux femmes) sont des parents isolés. L’étude consiste à exploiter statistiquement les réponses à ces messages. Cet article montre que des discriminations
à l’encontre des mères isolées existent dans l’accès au logement locatif à Paris. La femme seule avec enfants est discriminée relativement au couple avec enfants dans certains cas particuliers, notamment dans l’accès à des appartements de grande taille (3-4 pièces). Une des explications possibles est à rechercher dans le statut de femme seule avec enfants qui peut être associé par les offreurs de logement à un risque d’instabilité financière, pénalisant ainsi les familles monoparentales dans l’accès à ce type de logement.

Les inégalités d’éducation entre les natifs des Drom et de métropole : le rôle déterminant du capital humain transmis par les parents
Emmanuel Valat
Les natifs des départements et régions d’outremer (Drom) sont moins diplômés que les métropolitains. Améliorer le niveau d’études des jeunes ultramarins est un enjeu important pour les Drom, la question de l’éducation étant intimement liée à celle du développement économique de ces territoires. Pour définir des politiques publiques efficaces, il est toutefois nécessaire de connaître précisément les raisons du moindre niveau d’études
des ultramarins. Ce travail s’appuie sur les données des enquêtes Migration-famille-vieillissement (MFV) et Trajectoires et origines (TeO), menées respectivement dans les Drom et en métropole, et comportant un grand nombre de questions similaires. Les résultats indiquent que la quasi-totalité des inégalités d’éducation entre les ultramarins et les métropolitains s’explique par des différences liées à la situation matérielle et financière des familles, à l’origine sociale et culturelle des parents et au cadre de vie en famille pendant l’enfance. Tous ces éléments influencent le capital humain potentiellement transmis par les parents. Lorsque les caractéristiques précédentes sont similaires, les ultramarins (hors natifs de Guyane) et métropolitains atteignent des niveaux d’études comparables. Ces résultats offrent des pistes de réflexion pour améliorer le ciblage des politiques
publiques afin de réduire les inégalités d’éducation entre ultramarins et métropolitains.

Partager les tâches domestiques ? La division du travail dans les couples selon le type d’union en France, 1985-2009
Lamia Kandil, Hélène Périvier
Cet article analyse la répartition des tâches domestiques au sein des couples selon le statut matrimonial. Il montre l’évolution de la division sexuée du travail en France à partir des enquêtes Emploi du temps (1985, 1998, et 2009). En 1985 et 1998, les femmes mariées réalisaient une part plus importante des tâches domestiques que les femmes vivant en union libre. Les différences de caractéristiques observées entre les couples mariés et en union libre expliquent cet écart en 1985, tandis qu’à la fin des années 1990, les couples en union libre adoptent un mode d’organisation moins inégalitaire que les couples mariés toutes choses égales par ailleurs. En 2009, la part moyenne du temps consacré aux tâches domestiques incombant aux femmes est à peu près la même pour les couples en union libre et mariés (à savoir 72 % et 73,5 %), mais elle est significativement plus faible pour les couples pacsés (65,1 %). Ce résultat peut s’expliquer par un processus d’autosélection des couples fondé sur leurs valeurs liées au genre, le pacs attirant des couples adhérant à des valeurs plus égalitaires.