France Guérin-Pace

Nous avons interviewé France Guérin-Pace, directrice de recherche à l’Ined, au sujet de l’enquête qu’elle a coordonnée sur les transformations de la société tunisienne depuis 2011.

(Entretien réalisé en novembre 2017)

Par qui cette enquête a-t-elle été conduite et comment s’est-elle déroulée ?

Cette enquête a été menée dans la cadre du projet OTMA (Observatoire des transformations dans le monde arabe), porté par l’Ined et l’Ird. Elle a été conduite auprès d’un échantillon représentatif de la population vivant sur le territoire tunisien de 3200 personnes. L’enquête mobilise des techniques innovantes : passation du questionnaire sur tablette Android et échantillonnage spatial par GPS.
Le terrain de l’enquête a duré trois mois, entre septembre et décembre 2016. Les équipes étaient à la fois constituées de jeunes chercheurs (étudiants en master 2 et doctorants) en démographie ou sociologie de la Faculté SHS de Tunis et de superviseurs et contrôleurs expérimentés. Le travail a débuté par le Sud et le centre de la Tunisie puis s’est poursuivi au Nord.

À quelles difficultés les équipes ont-elles été confrontées ?

Les difficultés rencontrées sur le terrain ont été de plusieurs ordres : sécuritaires d’une part, dans certaines zones en conflit, logistiques ou météorologiques d’autre part, avec des routes parfois en mauvais état, des habitations éloignées des axes de transport, etc. Quelques districts enquêtés se trouvaient dans des zones militaires ou s’avéraient désertés par leurs habitants.

Dans quel(s) but(s) cette enquête a-t-elle eu lieu ?

L’objectif de cette enquête est de saisir les changements intervenus au sein de la société tunisienne depuis janvier 2011 et, plus largement, d’éclairer les transformations opérées dans le monde arabe.
Le questionnaire de l’enquête contient des éléments d’information relatifs à la vie des personnes (lieux de résidence, vie familiale, parcours scolaire et professionnel), à leurs activités culturelles et de loisirs, à leurs pratiques linguistiques mais aussi à leurs convictions personnelles et leurs engagements associatifs ou politiques.