Géraldine Duthé, directrice de recherche

Géraldine Duthé est directrice de recherche à l’Ined, membre des unités de recherche Démographie des pays du Sud (DEMOSUD) et Mortalité, santé, épidémiologie (MSE) et du pôle Perspectives Internationales.

Quel parcours vous a mené à l’Ined ?

Après un baccalauréat scientifique et un intérêt pour les sciences humaines et sociales, j’ai suivi un cursus en mathématiques appliquées aux sciences sociales. C’est en 3e année que j’ai découvert mon appétence pour la démographie, en tant que discipline. À cette époque, mon souhait était d’en faire mon métier mais mon envie d’apprendre, mes premières expériences professionnelles à l’Ined en tant que stagiaire puis vacataire, et les encouragements de mes enseignant.es, m’ont amenée vers un parcours de recherche. Je voulais travailler dans le domaine de la santé et après mon Master j’ai candidaté pour une bourse de thèse proposée par le Museum national d’histoire naturelle pour étudier la recrudescence de la mortalité palustre dans une population rurale du Sénégal, sous la direction de Gilles Pison. C’est ainsi que j’ai été accueillie à l’Ined où j’ai bénéficié d’excellentes conditions pour mener ma thèse en intégrant deux Unités « Population et Développement » et « Mortalité Santé Épidémiologie » qui m’ont beaucoup apporté. J’ai ensuite été recrutée à l’Ined comme chercheure en 2006.

Quelle est votre activité au sein de l’institut ?

Mes recherches portent essentiellement sur les obstacles à la transition sanitaire en Afrique subsaharienne où la mortalité est encore élevée mais également difficile à mesurer en raison du manque de données d’état civil. Dans le cadre de collaborations le plus souvent internationales, j’analyse notamment les statistiques sur les causes probables de décès collectées dans les sites de suivi démographique sur la base d’informations recueillies auprès des proches des défunt.es. Je collabore aussi à des recherches mobilisant des enquêtes nationales ou des recensements. Actuellement, je m’intéresse plus particulièrement à la montée des maladies non transmissibles et les problèmes de santé chroniques des adultes qui sont méconnus et très peu pris en charge.

Parallèlement, je suis co-responsable, avec Valérie Golaz, de l’Unité de recherche « Démographie des populations du Sud ». C’est un travail de coordination stimulant sur le plan scientifique (échanges et structuration des recherches portées par les chercheur.es de l’unité) et institutionnel (partenariats et collaborations au niveau national et international). En interne, nous travaillons en étroite collaboration avec l’assistante de recherche de l’Unité, et échangeons avec les services administratifs et la Direction pour en assurer le bon fonctionnement.

Depuis un an, je suis co-rédactrice en chef de la revue Population aux côtés d’Olivia Samuel et de Anne Solaz. Étant donné ce que représente Population pour les démographes et l’ensemble de la communauté intéressée par les études de population en France et dans le monde francophone, c’est pour moi un grand honneur. Nous lisons tous les articles soumis, opérons une première sélection avant envoi à des évaluateurs externes et du Comité de rédaction, puis nous gérons les révisions et validons la version éditée en français et en anglais. S’occuper d’une revue d’une grande rigueur scientifique et éditoriale qui est entièrement bilingue pose de nombreux défis sur les questions de valorisation et de politique éditoriale. C’est extrêmement enrichissant.

Quelle est pour vous la particularité de l’Ined ?

Au niveau international, l’Ined est un institut de référence dans le domaine des études de population. Les recherches qui y sont menées sont connues et reconnues et au quotidien j’ai plaisir à apprendre de mes collègues sur leurs domaines de recherche. L’ouverture de l’Ined à l’international m’a ouvert de nombreuses opportunités que ce soit pour partir à l’étranger ou accueillir des doctorants et chercheurs venant de l’étranger, y compris des pays du sud. Cette politique nous permet d’entretenir et développer nos réseaux et nos collaborations.

(Entretien réalisé en juin 2021)