Conception et tests des questionnaires

Pour ne pas compromettre la qualité des données qui seront recueillies, une attention particulière doit être portée à l’élaboration des questionnaires, source potentielle de biais. De la conception aux tests, il faut éviter les risques d’erreur de compréhension ou d’interprétation tout en veillant à ne pas heurter ou influencer l’enquêté-e.

Conception

Concevoir un questionnaire requiert une très bonne connaissance du thème de l’enquête, de la population visée mais aussi des possibilités techniques offertes par le mode de collecte choisi. Elle doit s’appuyer sur la littérature scientifique existante et les enquêtes déjà menées sur le sujet. Une solide connaissance de la langue, des expressions couramment utilisées pour dénommer les faits ou situations investiguées et plus généralement une connaissance des compétences culturelles et cognitives nécessaires pour répondre de la part des personnes enquêté-e-s sont également indispensables.

C’est important pour les enquêtes qui portent sur des sujets spécifiques ou sensibles (sexualité, violence, drogues) ou qui concernent des populations précises (origines culturelles, milieux sociaux particuliers), mais aussi dans les enquêtes en population générale où toutes les catégories de personnes sont susceptibles de répondre.

En général, les questions sont d’autant meilleures qu’elles sont précises et bien contextualisées, que les termes utilisés sont univoques, que la formulation est simple et courte et qu’elle n’induit pas la réponse de l’enquêté-e. Ces contraintes sont parfois difficilement conciliables. C’est pourquoi de nombreux tests et entretiens avec les enquêteur-trice-s et si possible des enquêté-e-s doivent être menés tout au long de sa préparation.

Tests et enquêtes pilotes
Les phases de test du questionnaire et plus largement, du protocole de collecte, constituent une étape centrale du processus de production de données. Ces tests portent non seulement sur la validité du questionnaire en lui-même (forme, formulation des questions y compris des éventuelles traductions, structure globale et enchaînements…) mais aussi sur l’ensemble du protocole de collecte (recrutement et formation des enquêteur-trice-s et, le cas échéant, d’interprètes, présentation de l’enquête et prise de contact avec les répondant-e-s, outils de suivi du terrain…). Il s’agit donc d’une étape indispensable qui nécessite d’être anticipée et budgétée.

Dans les phases préliminaires de construction du questionnaire, la passation-test du questionnaire par les membres de l’équipe de recherche impliqués dans le projet sont extrêmement utiles.

À un stade un peu plus avancé de la formalisation du questionnaire, un test avec enquêteur-trice-s est nécessaire. Plusieurs types de tests et de méthodes de validation sont possibles. En fonction des modifications apportées au questionnaire (suppression ou reformulation de questions, changement de liste d’items, réagencement de l’ordre du questionnement…), plusieurs tests peuvent être nécessaires.

Ces tests sont aussi l’occasion de construire, de roder et d’améliorer la formation des enquêteur-trice-s, qui constitue un autre facteur central de qualité des données. L’enquête pilote est généralement menée à plus grande échelle. Elle constitue une sorte de «répétition générale», avant le lancement de l’enquête grandeur réelle, qui permet de stabiliser le protocole et de régler les derniers problèmes.

Si les enquêtes grandeur réelle ou les pilotes sont parfois externalisées ou sous-traitées, les différentes phases de tests sont généralement menées en interne à l’Ined afin de construire et d’ajuster l’ensemble du protocole d’enquête. Elles nécessitent du temps; ces phases préparatoires avant collecte réelle constituent même la plus grande partie du travail d’enquête (un à deux ans  selon le projet).