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Éditorial
Par Damien Bricard, Lionel Kesztenbaum et Delphine Remillon

La conjecture démographique de la France

L’évolution démographique récente de la France : Une position singulière dans l’Union européenne
Par Didier Breton, Nicolas Belliot, Magali Barbieri, Justine Chaput et Hippolyte d’Albis

Articles

Homogamie éducative des diplômés universitaires en Suède. Une analyse des ressorts socio-économiques
Par Margarita Chudnovskaya, traducteur : Céline Michaud

Inégalités de genre et de classe sociale dans le développement psychomoteur des enfants : une approche sociologique
Par Inès Malroux,  Lidia Panico,  Michelle Kelly-Irving


Donner naissance en couple non cohabitant : une situation à contre-courant ? Analyses statistiques à partir de l’enquête nationale périnatale 2016
Par Margot Lenouvel

Bibliographie critique

Gregory Hanlon. 2023. Death Control in the West 1500-1800: Sex Ratios at Baptism in Italy, France and England. Routledge, 328 pages.
Par Lionel Kesztenbaum

Aïcha Limbada. 2023. La nuit de noces : Une histoire de l’intimité conjugale. La Découverte, 352 pages.
Par Christine Théré

Elissa Maïlander. 2021. Amour, mariage et sexualité : une histoire intime du nazisme (1930-1950). Seuil, 512 pages.
Par Blanche Plaquevent

Ted McCormick. 2022. Human Empire : Mobility and Demographic Thought in the British Atlantic World, 1500-1800. Cambridge University Press, 320 pages.
Par Loïc Charles

Élodie Serna. 2021. Faire et défaire la virilité : Les stérilisations masculines volontaires en Europe (1919-1939). Presses universitaires de Rennes, 308 pages.
Par Claire-Lise Gaillard

La conjecture démographique de la France

L’évolution démographique récente de la France : Une position singulière dans l’Union européenne
Par Didier Breton, Nicolas Belliot, Magali Barbieri, Justine Chaput et Hippolyte d’Albis

Au 1er janvier 2024, la France comptait 68,4 millions d’habitants, soit 230 000 de plus qu’au 1er janvier 2023. Le solde naturel a atteint un niveau historiquement bas depuis l’après-guerre et depuis 2018, et le solde migratoire est le principal moteur démographique du pays. Deuxième pays le plus peuplé de l’UE27 (15,2 % de la population), la France présente toutefois un accroissement légèrement inférieur à celui de la moyenne européenne et demeure un peu plus jeune que la moyenne de l’UE, mais vieillit plus rapidement. En 2022, les flux d’entrées de ressortissants de pays tiers ont augmenté et atteignent le niveau le plus élevé depuis 2000 (282 957 personnes). L’année 2022 est marquée par une augmentation conséquente de la part des flux pour raisons professionnelles (+ 4 points) et par une féminisation de ces derniers (+ 15 points). La France est le 5e pays de l’UE27 pour le flux migratoire, mais se trouve seulement en 21e position si l’on tient compte de la taille de la population. En 2023, la baisse historique du nombre de naissances est la conséquence de celle de la fécondité (1,67 enfant par femme), niveau le plus faible observé depuis l’après-guerre. La baisse concerne tous les groupes d’âges. Le profil de la fécondité par âge en France est proche de celui des pays d’Europe de l’Ouest et du Nord, et la proportion de naissances hors mariage y est la plus élevée d’Europe (65,2 %). En 2023, le nombre d’avortements augmente pour la deuxième année consécutive, et 8 avortements sur 10 sont désormais médicamenteux. Quand on rapporte ce chiffre au nombre de femmes de 15 à 49 ans, la France enregistre, avec la Suède, le taux de recours à l’avortement le plus élevé d’Europe, mais c’est aussi un des pays où la réglementation est la moins restrictive.
Le nombre de mariages augmente très légèrement en 2023, tout comme celui des pacs en 2022 (année la plus récente disponible), mais le rattrapage post-Covid n’est que partiel. La part des pacs et des mariages entre personnes de même sexe reste relativement stable en 2023 et, avec un âge moyen au mariage qui continue d’augmenter, la France se rapproche des pays du Sud et de l’Ouest de l’Europe, où le mariage est moins précoce que dans les pays de l’Est. En baisse depuis 3 ans, le nombre de décès reste plus élevé que celui observé avant la pandémie (2019). En revanche, l’espérance de vie en 2023 est supérieure à celle de 2019, pour les hommes comme pour les femmes, même si le rebond en France est inférieur à celui observé dans d’autres pays d’Europe. Comparée aux autres pays européens, la mortalité française reste relativement basse aux âges plus élevés, mais le pays montre un retard important et croissant pour la mortalité infantile. L’écart de mortalité entre les hommes et les femmes est plus élevé que dans la moyenne européenne, même s’il continue de baisser. Le cancer est la première cause de mortalité en France, alors qu’il s’agit des maladies cardiovasculaires à l’échelle européenne.

Articles

Homogamie éducative des diplômés universitaires en Suède. Une analyse des ressorts socio-économiques
Par Margarita Chudnovskaya, traducteur : Céline Michaud

Cette étude analyse l’influence du statut socio-économique des diplômés de l’enseignement supérieur sur la probabilité de former un couple homogame (mariage ou union libre avec enfant). Elle se place dans une réflexion plus large sur l’homogamie et l’hypogamie éducative, au moment où l’expansion de l’enseignement supérieur se traduit par une surreprésentation des femmes parmi les personnes les plus instruites. Au-delà du passage indéniable de l’hypogamie à l’hypergamie éducative, cette étude se concentre sur les caractéristiques des couples formés par les diplômés universitaires. L’échantillon comprend des femmes et des hommes diplômés, en couple, nés entre  1972 et  1977 (n = 156 253), et tous recensés dans les registres administratifs suédois (registres de mariage et de naissance). Bien que la Suède jouisse d’une solide réputation de société égalitaire, de fortes disparités entre les sexes persistent au sein de son système d’enseignement supérieur. Les hommes titulaires d’un diplôme universitaire sont moins nombreux que les femmes, mais ils bénéficient d’une sélection plus importante. Souvent issus de parents du secteur tertiaire supérieur, ils obtiennent des diplômes plus élevés qui leur permettent de mieux gagner leur vie. Notre analyse approfondie de l’homogamie s’appuie sur des modèles de régression logistique multinomiale, et spécifie, pour chaque individu marié ou en union libre avec enfant, le niveau d’instruction du conjoint : aucun diplôme universitaire, diplôme universitaire de niveau supérieur, de même niveau, ou de niveau inférieur. En ce qui concerne les femmes diplômées, nos résultats révèlent que des différences socio-économiques significatives influencent la probabilité de former un couple homogame. Pour ce qui est des hommes diplômés, certaines inégalités sont observées en matière d’homogamie, mais le type ou la durée du diplôme sont moins prédictifs que pour les femmes.

Inégalités de genre et de classe sociale dans le développement psychomoteur des enfants : une approche sociologique
Par Inès Malroux,  Lidia Panico,  Michelle Kelly-Irving

Au cours de la petite enfance, les apprentissages corporels, langagiers et moteurs varient selon les caractéristiques sociales des enfants et de leurs familles. Cet article propose une description des inégalités dans les apprentissages en fonction du genre, de la classe sociale et à l’intersection de ces deux rapports sociaux. L’étude s’appuie sur une vaste enquête portant sur plus de 18 000 enfants nés en France hexagonale, la cohorte Elfe dont les données ont été recueillies auprès d’enfants à l’âge de 3 ans et demi ; elle mesure les compétences enfantines dans les domaines suivants : le langage, la motricité, l’autonomie corporelle, la sociabilité, la numération et l’écriture. Les résultats obtenus entrent en résonance avec la littérature relative à la différenciation des apprentissages les plus rentables scolairement, en soulignant notamment le gradient social du développement langagier. Ils mettent toutefois en lumière l’inversion de ce gradient social dans le domaine de l’autonomie corporelle.

Donner naissance en couple non cohabitant : une situation à contre-courant ? Analyses statistiques à partir de l’enquête nationale périnatale 2016
Par Margot Lenouvel

Alors que les couples non cohabitants suscitent un intérêt grandissant dans un contexte de transformation des relations intimes, la parentalité dans ce cadre est peu explorée. Grâce à son actualisation des catégories conjugales, l’enquête nationale périnatale de 2016 éclaire les profils sociaux et le parcours procréatif des femmes en couple non cohabitant au moment de la naissance de leur enfant. Se démarquent-elles des mères seules ? Ces naissances sont-elles planifiées ? À partir d’analyses statistiques, la note de recherche offre un aperçu de cette configuration longtemps occultée des grandes enquêtes. Situation à contre-courant, la population des mères en couple non cohabitant représente 3 % des naissances en France. Elle se révèle hétérogène : une partie se compose de femmes particulièrement jeunes, encore étudiantes ; une autre regroupe des femmes plus âgées d’origine étrangère, qui sont généralement davantage diplômées et en emploi que les mères seules. En matière de planification et de suivi des grossesses, les mères en couple non cohabitant occupent une position intermédiaire : leur suivi prénatal est plus fréquent que celui des mères seules mais moins régulier que celui des mères en couple cohabitant, en raison d’une découverte tardive de la grossesse, ce qui suggère que ces naissances sont souvent inattendues plutôt que non désirées.