Après 60 ans, en France, 7 femmes en couple sur 10 deviendront veuves

Le veuvage concerne principalement les femmes en raison de leur espérance de vie plus longue et de l’écart d’âge moyen avec leur conjoint (en moyenne plus âgé qu’elles). En 2020, la France comptait environ 3,6 millions de veufs et veuves de 60 ans ou plus, dont 81 % de femmes. La même année, 3,8 millions de personnes percevaient une pension de réversion, un dispositif qui représente 38,7 milliards d’euros en 2024, soit 1,3 % du PIB.

Au moment de leur décès, six femmes de plus de 60 ans sur dix ont le statut légal de veuve, contre seulement deux hommes sur dix. Cette différence s’explique aussi par une tendance plus marquée des hommes à se remarier après un veuvage.

Les chercheuses ont simulé, à partir des tables de mortalité, le risque de perdre son conjoint et la durée de cette période. Environ 70 % des femmes en couple, marié ou non, à 60 ans connaîtront le veuvage. Dans les conditions de mortalité observées en 2019, la durée moyenne de leur veuvage s’établit à 13 ans, soit 46 % du temps restant à vivre.

Cette durée est restée relativement stable depuis 1995, après avoir légèrement augmenté entre 1962 et 1995. Toutefois, grâce aux gains d’espérance de vie, la part de la vieillesse passée en situation de veuvage a diminué de 59 % en 1962 à 46 % en 2019.

Selon les projections démographiques de l’Insee, la réduction attendue des écarts d’espérance de vie entre femmes et hommes devrait entraîner une baisse de la durée moyenne de veuvage. D’ici 2070, celle-ci pourrait passer à 11 ans, permettant un allongement de la période de vie en couple.

À l’échelle européenne, la durée de veuvage varie fortement : de 10,9 ans en Islande à 14 ans en Lituanie. La France se situe en position intermédiaire avec 12,7 ans, proche de l’Espagne. Les pays nordiques affichent les durées les plus courtes, tandis que la Russie et les pays baltes enregistrent les plus longues.

Ces écarts s’expliquent principalement par les différences de mortalité entre sexes, liées aux comportements et modes de vie (tabagisme, alcool, conditions de travail).

Ces résultats interrogent la capacité du système de protection sociale à accompagner cette longue période de la vie, particulièrement pour les femmes les plus modestes. L’évolution des formes conjugales soulève également de nouvelles questions : les personnes pacsées ou en union libre n’ont pas accès aux pensions de réversion, alors qu’elles représentent une part croissante des couples aux âges élevés. Dans un contexte de débat récurrent sur les réformes des retraites et les pensions de réversion, cette étude apporte un éclairage inédit sur la durée réelle du veuvage et ses inégalités, des éléments essentiels pour adapter les dispositifs de solidarité aux réalités démographiques et sociales actuelles.