Fécondité et stations de métro parisien

S’inspirant des travaux de Cheshire (Lives on the Line, 2012), John Tomkinson, doctorant à l’Ined, récemment diplômé, a mis en lumière l’importance des variations locales de fécondité dans la ville de Paris.

Il a utilisé des données de recensement au niveau individuel (recensement français de 2013) et une adaptation de la méthode du « décompte des enfants au foyer » (voir Tomkinson et Breton, 2017) pour compter les naissances et les femmes par âge simple au niveau local (Iris).
Le nombre de naissances et de femmes est agrégé dans un rayon de 500 mètres autour de chaque station de métro. John Tomkinson a ensuite calculé l’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) et l’âge moyen à la maternité (AMM) pour chaque station.

Résultats

L’ICF pour la ville de Paris en 2012 était de 1,57 enfant par femme. Il varie fortement d’une valeur minimale de 0,94 à la station Maubert-Mutualité jusqu’à 2,39 à Champs-Elysées Clemenceau. L’AMM était de 32,7 ans, allant de 30,6 à Bercy à 34,7 ans à École militaire. L’ICF et l’AMM évoluent le long des lignes et peuvent fortement varier entre deux stations voisines.

Les stations de la ligne 8 ont l’ICF le plus homogène (1,24 – 1,95) tandis que les plus fortes variations s’observent sur la ligne 1 (1,04 – 2,39) qui traverse la ville d’est en ouest. La fécondité est la plus élevée sur la ligne 7, qui va du nord au sud. La ligne 10, au sud, affiche la fécondité la plus faible et l’âge moyen à la maternité le plus élevé, tandis que la ligne 7bis, au nord-est de la capitale, est la plus jeune.

Une analyse multiniveaux montre que les facteurs individuels – l’âge, le statut du couple et l’activité économique – représentent 95 % des variations observées.

Les variations importantes de fécondité au sein de la ville de Paris sont le résultat de différences locales au niveau des structures de population.

Ces travaux ont bénéficié du soutien financier du laboratoire IPOPs, porté par l’Institut national d’études démographiques (Ined), sous la référence ANR-10-LABEX-0089, dans le cadre d’heSam Université.

Sources : Cheshire J., 2012, « Lives on the Line : mapping life expectancy along the London Tube network », Environment and Planning A, 44(7), p. 1525-1528 ; Tomkinson J., Breton D., 2017, « Comment mieux identifier les mères adolescentes dans le recensement français ? Améliorations de la méthode du "décompte des enfants au foyer" », Cahiers québécois de démographie, 45(2), p. 269-293.

Contact : John Tomkinson

En ligne : septembre 2018