Violences envers les femmes dans les espaces publics, au travail et dans les couples en Martinique
Communiqué Publié le 22 Novembre 2019
1ers résultats de l’enquête Virage dans les Outre-mer
À l’instar de l’enquête Violences et rapports de genre (Virage) dans l’hexagone, l’un des objectifs centraux de l’enquête Virage dans les Outre-mer est de mesurer, pour les femmes, les faits de violences verbales, psychologiques, physiques et sexuelles. Ces faits concernent d’une part, les violences vécues au sein de la sphère conjugale, au travail et dans les espaces publics au cours des 12 derniers mois et, d’autre part, celles vécues durant toute la vie dans ces mêmes sphères ainsi que dans la sphère familiale.
La collecte a été réalisée par téléphone en Martinique du 22 janvier au 13 décembre 2018 auprès d’un échantillon représentatif de 2 015 femmes de 20 à 69 ans. Les premiers résultats présentés ici concernent les violences exercées dans les 12 derniers mois précédant l’enquête afin de fournir les principales prévalences et les caractéristiques des victimes et des auteurs.
Plus d’une femme sur dix confrontée à des faits de harcèlement lors de ses déplacements dans les lieux publics
- 10 % de femmes rapportent des propositions sexuelles insistantes malgré leur refus et 4 % ont subi des attouchements des seins, fesses ou des baisers forcés.
- Si les femmes sont principalement victimes d’hommes inconnus, les proportions d’auteurs connus sont significatives, notamment en ce qui concerne les propositions sexuelles insistantes (36 % d’inconnus) et les attouchements (49 % d’inconnus). Ce résultat est donc à resituer dans le contexte de fort niveau d’interconnaissance social des territoires insulaires.
- L’effet de l’âge est particulièrement marqué : les jeunes femmes entre 20 et 29 ans sont les plus exposées aux insultes (21 % contre 13 % de l’ensemble des femmes), aux propositions sexuelles insistantes (16 % contre 10 %) et sont davantage suivies avec insistance (10 % contre 5 %).
Une femme sur vingt est victime de harcèlement sexuel au travail, principalement de ses collègues
- 1 femme sur 20 est victime de harcèlement sexuel au travail. Les auteurs sont principalement des collègues (47 %), suivi par des usagers et patients (36 %) et des supérieurs hiérarchiques (15 %).
- 1 femme sur 10 travaillant « à son compte », c’est-à-dire artisanes, commerçantes ou cheffes d’entreprise – soit un taux double par rapport à la moyenne – déclare des faits de harcèlement sexuel durant les 12 derniers mois ; les femmes des professions intermédiaires de la santé et du travail social ont également des déclarations de harcèlement sexuel élevées, soit près de 9 %.
Près d’une femme sur cinq en situation de violences conjugales…
- Les faits de violences psychologiques sont les plus déclarées et concernent 1/3 des femmes dont 16 % sont en situation de harcèlement. 3 % ont subi des violences physiques.
- Tous les types de violences doublent, voire triplent, pour les femmes qui se sont séparées dans l’année avant l’enquête : de 32 % pour les femmes en couple, les violences psychologiques passent à 61 % lorsqu’elles se sont séparées dans l’année ; quant au harcèlement, il passe de 13 % à 37 %. Les violences physiques touchent 7 % des femmes séparées dans l’année contre 3 % des femmes en couple et les violences sexuelles 3 % d’entre elles contre 1 %.
…avec des facteurs associés qui sont l’inactivité, le pluripartenariat masculin et les difficultés connues dans l’enfance
- Près d’1 femme sur 5 (soit 18 %) est en situation de violences conjugales. L’indicateur de violences conjugales est particulièrement élevé avec l’inactivité des femmes ; il est alors de 24 %. Lorsque les deux conjoints sont au chômage ou inactifs, l’indicateur de violences conjugales atteint même les 30 %.
- Le pluripartenariat masculin est un facteur associé au risque de subir des violences conjugales. Les femmes qui « pensent » ou sont « sûres » que leur conjoint voit une autre femme déclarent des violences dans des proportions nettement plus importantes que les autres : 11 % de violences physiques (contre 1 %).
- Les difficultés connues dans l’enfance et l’adolescence apparaissent comme des facteurs augmentant le risque de subir des violences conjugales : 26 % pour les femmes ayant déclaré un climat de tensions ou de violence entre les parents, 23 % pour celles ayant eu des conflits très graves avec le père et/ou la mère, et jusqu’à 29 % pour celles qui ont subi des punitions perçues comme injustes et des coups dans l’enfance.
Les jeunes femmes sont deux à trois fois plus victimes de violences sexistes et sexuelles….
- Dans les espaces publics l’effet de l’âge est marqué : les jeunes femmes de 20-25 ans sont plus souvent concernées par les propositions sexuelles insistantes (17 % d’entre elles contre 10 % pour l’ensemble des femmes).
- Au travail, le statut d’emploi des jeunes femmes, davantage précaires, fait sans doute peser sur elles, outre leur jeune âge qui les rend plus souvent vulnérables, des risques plus élevés. En effet, 13 % des 20-25 ans et 10 % des 26-30 ans déclarent des faits de harcèlement sexuel contre 5 % de l’ensemble des femmes.
….et deux fois plus de violences conjugales
- L’indicateur de violences conjugales est particulièrement élevé pour les 20-25 ans : il concerne 36 % des jeunes femmes contre 18 % de l’ensemble des femmes. Il reste élevé pour les 26-30 ans, à hauteur de 22 %. Les faits répétés de jalousie et de contrôle sont notamment deux fois plus élevés (44 %) dans ces tranches d’âge que pour l’ensemble des femmes (19 %) ; il en est de même pour les violences physiques (8 % pour les 20-25 ans contre 3 % pour l’ensemble).
Pour consulter le communiqué de presse dans son intégralité, voir ci-contre "Téléchargement"