Social support and caregiver health: should other people care?

le Lundi 13 Juin 2016 à l’Ined, salle Sauvy, de 11h30 à 12h30

Présenté par Sandrine Juin (Ined, UPEC) ; Discutant : Jérôme Wittwer (Université de Bordeaux, ISPED)

Dans un contexte de vieillissement de la population, il semble important de se pencher sur les aidants informels qui constituent les principaux fournisseurs d’aide aux personnes âgées dépendantes. Ce travail a pour objectif d’estimer à partir de données françaises l’effet du soutien social (i.e. le soutien informel de la famille ou du réseau social et l’aide formelle) sur la dépréciation du capital santé des aidants. En effet, la littérature a mis en lumière les effets potentiellement négatifs du fait d’aider un proche dépendant mais n’a pas évalué dans quelle mesure des configurations d’aide hétérogènes mènent à des conséquences différentes en termes de santé.

A partir du volet Aidants informels (HSA) de l’enquête Handicap-Santé, 769 aidants non-corésidents de personnes âgées dépendantes sont étudiés. Le volet Ménages (HSM) permet par ailleurs de contrôler des caractéristiques de santé de l’aidé. La dépréciation du capital santé liée à l’aide informelle est approchée à travers deux variables : i) le fait pour un aidant de déclarer que l’aide prodiguée affecte sa santé (capital santé générale) ; ii) le fait de se sentir dépressif en raison de l’aide fournie. Le soutien informel est approché à travers le nombre total d’aidants et la possibilité d’être remplacé par un autre aidant informel en cas d’indisponibilité. La méthode des variables instrumentales est appliquée afin de corriger les potentiels biais d’endogénéité. L’aide formelle est instrumentée par la proportion départementale de bénéficiaires de l’Allocation personnalisée d’autonomie.

Contrairement aux études existantes, qui ne prennent pas en compte le biais d’endogénéité, les résultats des estimations soulignent qu’une hausse d’une heure de l’aide formelle réduit significativement le risque de dépréciation du capital santé générale (-1,6%) et mentale (-2,1%) des aidants. L’effet du soutien informel semble quant à lui plus lié à sa qualité qu’à sa quantité. Alors que le nombre total d’aidants n’a pas d’effet, le fait de pouvoir être remplacé en cas d’indisponibilité réduit la probabilité de dégradation de la santé de 9 points de pourcentage.

En termes de politiques publiques, ces résultats soulignent qu’une amélioration de l’accès à l’aide formelle, par exemple en augmentant l’Allocation personnalisée d’autonomie, pourrait protéger la santé des aidants informels. Par ailleurs, il apparait important d’encourager le soutien informel, à travers des congés d’aidants et des emplois du temps plus flexibles.

 

Sandrine Juin

Sandrine Juin est doctorante en sciences économiques dans l’unité de démographie économique de l’INED et dans le laboratoire ERUDITE de l’Université Paris-Est. Sa thèse porte sur les questions de prise en charge des personnes âgées dépendantes et sur le bien-être des aidés et des aidants familiaux.