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 Estimation de la surmortalité dans les régions françaises et espagnoles pendant la première vague de Covid-19 : application de la méthode « après/avant »
Ainhoa-Elena Leger et Silvia Rizzi
Des estimations du surplus de décès ont été largement utilisées pour mesurer l’impact global de la pandémie sur la mortalité. Cet article examine la validité d’une nouvelle méthode (« méthode après/avant »), mise au point pour prévoir le nombre de décès qui seraient attendus en l’absence de choc. Cette méthode est appliquée pour estimer la surmortalité durant la première vague de Covid-19 (février-juin 2020) en France et en Espagne, par âge, sexe et région. Bien que les deux pays aient déclaré des nombres similaires de décès par Covid-19, la surmortalité de l’Espagne s’est avérée plus élevée. Les résultats sont riches d’enseignements sur les différences de vulnérabilité à la Covid-19 selon les sous-groupes de population et les zones géographiques considérés : les adultes de 75 à 85 ans ont été les plus durement touchés ; c’est en Île-de-France, pour la France, et dans la Comunidad de Madrid, pour l’Espagne, que la surmortalité a été la plus importante. Applicable à d’autres phénomènes démographiques, la méthode après/avant est simple, nécessite moins d’hypothèses que d’autres méthodes de prévision, et se révèle moins biaisée et plus précise que celle de la moyenne quinquennale.

Prêts pour un premier enfant ? Le rôle des positions relatives de l’emploi des conjoints sur l’entrée en parentalité en France
Leen Marynissen
Diverses études semblent montrer que les conditions préalables à remplir par les couples sur le marché du travail avant de devenir parents commencent à s’éloigner du modèle traditionnel de division sexuée des rôles. Toutefois, le rôle des positions relatives des conjoints sur le marché du travail reste peu étudié. À l’aide de données individuelles longitudinales provenant de l’Échantillon démographique permanent (EDP) français et de modèles de durée en temps discret, on examine le lien à âge donné entre, d’une part, le statut d’activité des partenaires et leurs revenus relatifs, et, d’autre part, la transition vers la parentalité en France. Les résultats indiquent des associations par âge significatives. Globalement, les risques de connaître une première naissance atteignent les niveaux les plus élevés chez les couples biactifs et ceux dont les conjoints ont des revenus similaires. Que l’homme ou la femme soit le principal apporteur de revenus, la probabilité d’une première naissance est presque identique,
mais ceux dans lesquels les partenaires ont des revenus similaires et ceux où l’homme est le principal apporteur de revenus ont leur premier enfant plus tôt que ceux où la femme apporte l’essentiel des revenus. Ces éléments suggèrent que les disparités sexuées de la relation emploi-parentalité ont certes diminué, mais que les associations entre le revenu des partenaires et l’entrée en parentalité continuent de varier en fonction du sexe.

De la mise en couple à la première naissance. Le rôle de l’âge à la première cohabitation dans l’entrée en maternité et en paternité
Marie-Caroline Compans et Éva Beaujouan
La formation du couple et la première naissance sont des événements étroitement liés, mais les logiques sociales, dont l’âge à la mise en couple peut être le reflet, sont peu discutées. À partir de l’enquête Étude des parcours individuels et conjugaux (Épic, Ined-Insee, 2013-2014), cet article examine le rôle de l’âge à la première cohabitation sur la survenue d’une première naissance et son calendrier, en tenant compte des caractéristiques des personnes et des unions formées entre 17 et 40 ans. Les hommes et les femmes ont un enfant plus rapidement lorsque la première union est formée à partir de 32 ans. Malgré des naissances plus rapides, les individus les plus tardifs à la mise en couple sont, en fin de vie reproductive, plus nombreux à rester inféconds que ceux entrés en union plus tôt. Ces résultats restent significatifs compte tenu de la situation d’emploi à la mise en couple, des caractéristiques de l’union et des conjoints. Outre des aspects biologiques, il est possible que les personnes qui forment une première union à la trentaine soient moins enclines à fonder une famille, ou qu’avoir un enfant paraisse socialement trop tardif.


La population vue du ciel : quand l’imagerie satellite vient au secours du recensement
Edith Darin, Mathias Kuépié, Hervé Bass inga, Gianluca Boo, Andrew J. Tatem
Le dénombrement de la population, dénominateur de nombreux indicateurs statistiques, est crucial pour les politiques publiques d’un pays. Il est du ressort des instituts nationaux de statistique d’en organiser la collecte, le plus souvent par le biais d’un recensement. Que se passe-t-il lorsqu’une partie du territoire n’est pas accessible aux agents recenseurs ? Actuellement, les données spatiales, telles qu’extraites de l’imagerie satellite, offrent une information géographique complète et de haute résolution, qui représente, lorsque combinée à un dénombrement partiel de la population, une opportunité sans précédent pour estimer les effectifs des territoires manquants. Leur précision spatiale rend également possible une estimation carroyée de la population en haute résolution, un format de données innovant à la croisée de la géographie et de la démographie. À partir du cas du Burkina Faso, cet article analyse comment le découpage du pays en carreaux de 100m sur 100m
permet dans un premier temps de développer un modèle pour estimer, par le biais d’une approche hiérarchique bayésienne, la population des zones caractérisées par des problèmes sécuritaires n’ayant pas pu être dénombrées lors du dernier recensement de 2019. Ce découpage permet dans un second temps de désagréger les effectifs obtenus, par le biais d’un modèle d’apprentissage statistique pour obtenir une précision spatiale
d’estimation de la population inégalée.