Jenny Garcia et Gaëlle Meslay

Jenny Garcia et Gaëlle Meslay, lauréates d’une bourse post-doctorale Marie Skłodowska-Curie, ont répondu à nos questions. 

(Entretien réalisé en juillet 2022)

Pourquoi avez-vous candidaté à une bourse Marie Skłodowska-Curie ? Aviez-vous déjà un projet de recherche en tête ? Et comment s’est passée la candidature ?

  • Jenny Garcia - Parallèlement à ma thèse qui portait sur la mortalité en Amérique latine, pendant mon doctorat je me suis intéressée à la démographie de la crise humanitaire au Venezuela. Souhaitant poursuivre mes recherches autour de ces thématiques, j’ai postulé pour une bourse post-doctorale Marie Skłodowska-Curie dans le but de partir travailler au Centre de Santé humanitaire de l’école Bloomberg de santé publique à Johns Hopkins University. Cette bourse me permet de mener mes recherches pendant deux ans aux États-Unis, puis pendant une année à l’Ined.
  • Gaëlle Meslay – Lorsque j’effectuais ma thèse sur les mariages de couples de même sexe, étaient ressorties des problématiques relatives à la parenté, problématiques que je souhaitais approfondir. Après avoir soutenu ma thèse, j’ai donc candidaté via l’Ined pour une bourse post-doctorale Marie Skłodowska-Curie en présentant mon projet de recherche, le lieu où je souhaitais réaliser mes recherches – l’université d’Austin aux États-Unis ; l’université de mon tuteur, un chercheur avec qui j’avais échangé au préalable sur mon projet et qui avait accepté d’encadrer mes recherches. Grâce à cette bourse, je travaille actuellement à Austin pour deux ans, et je poursuivrai ensuite mon travail de recherche à l’Ined un an. 

Sur quoi portent les recherches sur lesquelles vous travaillez aux États-Unis ?

  • Jenny Garcia - Mes recherches portent sur les impacts des crises humanitaires sur la démographie d’Amérique Latine, en utilisant l’exemple de la crise au Venezuela. L’étude des populations pendant les crises est un vrai défi, dû au manque de données officielles de qualité. Ces crises ont des impacts au-delà des frontières des États nationaux. En l’absence de données disponibles sur la population au Venezuela depuis 2017, je m’appuie donc sur des enquêtes et les registres de l’Etat Civil des pays frontaliers pour établir des estimations de population, de la fécondité et de la mortalité des résidents vénézuéliens et de la diaspora vénézuélienne en Amérique Latine. 
  • Gaëlle Meslay – Mes recherches portent sur l’accès (ou non) à la parenté chez les personnes LGBTQ. Je procède à une comparaison par génération mais aussi entre deux pays – la France et les États-Unis (et au sein des États-Unis, entre États) – pour étudier les différences en matière de politiques d’aide à la procréation et leurs impacts sur les projets parentaux. J’ai choisi de conduire ces recherches aux États-Unis car de nombreux travaux ont déjà été produits sur le sujet, de même que beaucoup d’enquêtes. 

Quelles sont les différences entre faire de la recherche aux États-Unis et en France ?

  • Jenny Garcia – Dans l’école qui m’accueille, les chercheurs travaillent plutôt en équipes sur des projets de recherche définis. Le fait d’être intégrée au sein d’un grand campus universitaire élargit la diversité des métiers, des ressources et des offres que l’on peut y trouver.
  • Gaëlle Meslay – Les enquêtes réalisées aux États-Unis sont de très grande ampleur et mobilisent d’importants moyens ; leur financement est différent, il émane de grands instituts publics, comme les instituts publics de santé, par exemple. 
    Les articles américains se distinguent des articles français par une structure plus cadrée, et des informations sur les méthodes et les résultats exposées dans un style plus direct.
    Dans le laboratoire de recherche texan où je suis, nous nous réunissons chaque semaine en collectif et en individuel avec notre tuteur pour faire le point sur l’avancée de nos recherches.

Que pensez-vous que cette bourse peut vous apporter pour la suite ? Qu’envisagez-vous après votre séjour ?

  • Jenny Garcia – Forte de cette expérience je voudrais continuer à effectuer des recherches. J’aimerais postuler à d’autres bourses et à des postes de chercheur.e.
  • Gaëlle Meslay – Pour moi, l’objectif de cette bourse est de développer de nouvelles approches et d’améliorer mon profil pour candidater par la suite à un poste dans la recherche. Je souhaiterais postuler à des postes de chercheur.e en France ; au CNRS ou à l’Ined, ou dans des universités. C’est très utile de voir comment la recherche s’effectue à l’international (que ce soit la réalisation d’enquêtes ou la rédaction d’articles) et cela donne des idées pour de futures recherches. J’aimerais développer à mon tour ce type de méthodes en France ou en Europe.