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Les immigrés et leurs enfants

Population et Sociétés

300, avril 1995

L’enquête « Mobilité géographique et insertion sociale »(M.G.I.S.) réalisée par l’INED avec le concours de l’INSEE (cf. remarque), concrétise l’importante révision conceptuelle des catégories statistiques de l’immigration précédemment exposée ici [1], dans un cahier de l’INED [2] et dans la revue Population [3]. Cette révision consiste, entre autres, à définir la catégorie des immigrés indépendamment de leur nationalité actuelle, simplement par le fait d’avoir immigré en France en tant qu’étranger.

Cette enquête dépassait les moyens que pouvaient réunir l’INED et l’INSEE. Elle a nécessité l’aide de l’Office des Migrations internationales (O.M.I.), du Fonds d’Action sociale (FAS), du ministère de la Coopération et du ministère des Affaires sociales (Direction de la Population et des Migrations (D.P.M.) et Secrétariat général à l’Intégration). Malgré l’ampleur de cette aide, il n’a pas été possible de représenter tous les courants migratoires : 60% des populations immigrées ont été retenues ; il a fallu renoncer, en particulier, à interroger des immigrés venus d’Italie et de Tunisie.

Contrairement à la vision statique que donne le recensement, l’enquête décrit l’évolution des comportements des immigrés au cours de leur vie. Elle permet de mesurer les changements intervenus, de leur génération à celle de leurs enfants. Elle pose des questions tout à fait inédites : année d’entrée en France et donc âge à la migration, langues maternelles et pays de naissance des parents, degré de pratique religieuse,... ce qui permet en particulier de relativiser les découpages par nationalité.

La diversité des populations immigrées tient évidemment à l’origine sociale, culturelle et géographique, au niveau scolaire, aux conditions de la migration et à la date d’arrivée en France, à l’histoire partagée ou non avec la France, etc. Un élément particulièrement important, ignoré par le recensement, est l’âge à l’entrée en France. Or l’image stéréotypée de l’immigré, celle d’un adulte venu travailler, doit être entièrement corrigée. En fait, les adultes présents aujourd’hui en France (âgés de 20-59 ans dans l’enquête) sont entrés à des âges extrêmement variables. La part des adultes d’aujourd’hui venus alors qu’ils étaient encore enfants (à moins de 16 ans) varie considérablement suivant les courants migratoires : environ la moitié des migrants espagnols, mais moins de 30% des migrants algériens et à peine plus de 20% des migrants marocains. Cette distinction suivant l’âge à l’entrée en France est fondamentale (tableau 1).


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